De nouvelles données colligées par Deuxième Récolte révèlent que le tournant d’année n’a malheureusement pas amené le Canada à prendre la résolution de contrer la précarité alimentaire au pays.
Deuxième Récolte a sondé plus de 1 300 organismes sans but lucratif de partout au Canada en décembre 2022 en vue de faire état des besoins en aide alimentaire pour l’année 2023.
Les résultats indiquent que les organismes de bienfaisance et les OSBL qui distribuent de la nourriture gratuitement aux Canadiens en situation de précarité alimentaire prévoient une augmentation de la demande en 2023, augmentation qui s’ajoutera à la hausse déjà fulgurante qui s’est produite en 2022. L’arrêt du soutien financier lié à la COVID-19, l’inflation alimentaire et la stagnation des salaires sont tous des facteurs qui expliquent le recours grandissant à l’aide alimentaire offerte par divers organismes (banques alimentaires, organismes confessionnels, écoles et groupes communautaires).
On prévoit donc, bien malheureusement, une augmentation de 60 % du nombre de personnes recevant de l’aide alimentaire d’organismes sans but lucratif en 2023, une hausse qui s’ajoutera à l’augmentation de 134 % enregistrée en 2022. Les organismes de bienfaisance planifient bonifier leurs programmes alimentaires de 30 % en 2023, ce qui fera passer de 3,7 à 4,2 le nombre de jours par semaine moyen de distribution gratuite de nourriture.
Près de 70 % de ces organismes indiquent qu’ils auront besoin de nourriture et d’un soutien financier supplémentaires pour répondre à la demande à court terme. Sans cette aide, des milliers de Canadiens n’auront pas accès à assez de nourriture pour subvenir à leurs besoins alimentaires et à ceux de leur famille au cours de l’année 2023, une situation de précarité alimentaire qui surpasserait celle de la pandémie.
À long terme, le gouvernement doit mettre en place un soutien à la population canadienne, par exemple une régulation des revenus en fonction de l’inflation et l’assurance d’une offre de logements abordables pour que les programmes d’aide alimentaire ne soient plus une aussi grande nécessité. Si des changements ne sont pas mis en place à l’échelle du système, la précarité alimentaire en pays grimpera en flèche. Un trop grand nombre de nouveaux organismes sans but lucratif voient le jour pour combler le vide juridique autour de la sécurité alimentaire au pays. En effet, les OSBL naissent souvent pour pallier les manques de l’État.
« L’augmentation des programmes alimentaires ne réglera pas l’insécurité alimentaire au Canada. Ça apporte un coup de main, mais ça ne résout pas le problème à la source », explique Lori Nikkel, directrice générale de Deuxième Récolte, après avoir fait état de l’augmentation sans précédent de la demande d’aide alimentaire depuis le début de la pandémie. Le nombre de programmes alimentaires sans but lucratif au pays a bondi de 214 % depuis la pandémie, et une autre hausse de 60 % est prévue en 2023.